Dans mon métier, on ne se définit pas spécialement en tant que femme ou homme.
J’écris pour les sites web.
Je les analyse et les optimise pour qu’ils soient bien positionnés dans les moteurs de recherche comme Google – c’est ce qu’on appelle le SEO.
Parfois j’anime des communautés sur les réseaux sociaux. Parfois je conseille, je traduis.
J’aime écrire dans les domaines techniques, là où l’écriture n’est justement pas question de genre mais de connaissance du secteur. Bref, je suis une rédactrice web spécialisée dans le SEO.
Mais le constat est là : mon site, je l’ai rédigé pour le référencer au masculin.
Sur Google.fr, comme dans la langue française, le masculin l’emporte.
Si je me présente comme « rédactrice », je perds des prospects, des parts de marché.
Depuis le lancement de mon activité de rédactrice web freelance en 2013, on a mis en doute mes capacités à écrire pour le BTP, pour les sports mécaniques, pour le secteur des SI.
Je me suis sentie à l’aise avec ces sujets.
On m’a prêté au contraire des compétences dans la mode, les cosmétiques, le relooking. Le défi était parfois plus compliqué à relever.
La profession de rédacteur.trice web n’a qu’un lien lointain avec le sexe de l’auteur.trice. Certain.e.s sont spécialisé.e.s dans un domaine ou un autre, d’autres aiment aborder tous les sujets et univers. C’est mon cas.
Quant à l’écriture inclusive, comme on peut le constater ci-dessus, elle est bien pensée dans l’idée, mais pas très agréable à lire (!) ni à écrire hélas. Et peu ou pas performante dans Google.
Pour travailler dans le SEO, il a donc fallu faire LE choix.
Comme beaucoup d’autres femmes qui vivent de la rédaction web, j’ai choisi le masculin pour définir mon métier dans Google d’abord, et sur le web en général.
Par logique SEO mais surtout par logique humaine, car le positionnement d’une page web dans Google dépend de ce que tapent les internautes, et les internautes – hommes comme femmes – tapent au masculin. Je conseille le masculin à mes clientes également pour positionner leur propre site, lorsqu’elles exercent une profession libérale. Elles suivent ou ne suivent pas.
Qui va chercher « avocate », « ingénieure », « animatrice » dans Google ? A part dans certains métiers très féminisés de la petite enfance, de l’assistance administrative, du service à la personne, ou sage-femme, qui cherche au féminin ?
Je suis rédacteur web SEO pour dire aux entreprises : « je suis capable d’écrire dans votre secteur d’activité ». Si je me présente comme rédactrice je crains que l’on ne pense que je féminise « exprès ».
Cela peut sembler fou mais c’est comme ça.
Il faut bien que nous, femmes et petites entrepreneures/euses, existions sur le web, surtout dans ce métier.
Le SEO reflète le langage de notre société. C’est pourquoi étudier le fonctionnement des moteurs de recherche est un métier si passionnant.